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Le Tintin-Posteur
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6 mars 2007

Contingent de journalistes à Draguignan

Le 19 février dernier, les étudiants de l’IUT journalisme de Cannes ont rencontré les élèves officiers du COFAT de Draguignan. L’occasion de s’entraîner, de part et d’autre, aux techniques de l’interview.

Première escapade en bus, depuis le début de leur cursus, pour la joyeuse bande d’étudiants en journalisme.  L’expédition prend des allures de colonie de vacances. A une exception près : le chauffeur du bus est militaire, tout comme les accompagnateurs. Et pour cause, c’est au Commandement de la formation de l’armée de terre  (COFAT) que les jeunes reporters se rendent. Objectif de la journée : interviewer les élèves officiers sur des thèmes sensibles de la politique militaire à l’étranger. Afghanistan, Liban ou encore Rwanda ; les futurs journalistes sont confiants. Ils connaissent les dossiers sur le bout des doigts. Mais qu’en sera-t-il pour leurs interlocuteurs? : « Je ne sais pas s’ils sauront me répondre. Certains ne sont jamais partis en mission. » S’inquiète une étudiante.
Une heure de trajet plus tard, les grilles du COFAT s’ouvrent sous haute surveillance militaire. Ici, on n’entre pas comme dans un moulin. Le décor est sobre, la rigueur de mise. Et c’est presque en rangs d’oignons que la troupe de journalistes part à la rencontre des officiers. Contre toute attente, le premier contact est chaleureux.  Autour d’un petit déjeuner de bienvenue, les journalistes oublient l’intimidant uniforme kaki et le dialogue s’installe : « Ah bon tu as 22 ans ? » s’étonne un étudiant qui vient de réaliser que lui et l’officier ne sont pas si différents. La frontière institutionnelle s’efface peu à peu.

«  Je ne suis pas habilité à répondre à cette question »

Les présentations terminées, soldats et visiteurs se séparent pour quelques heures. Le temps pour les plumes en herbe de s’imprégner des lieux et de la culture militaire. Direction l’amphithéâtre pour un exposé institutionnel très poussé. « COFAT, DICOM, OPEX… », le jargon est décidément bien indigeste. Pas plus toutefois que le repas froid, à déguster debout, qui attend les journalistes. Mais qu’importe, c’est surtout l’occasion de continuer de papoter avec les soldats et de les mettre en confiance avant l’épreuve de l’interview.
Deux tranches de rosbif et une cigarette plus tard et voilà les élèves officiers face à la caméra et… à leurs lacunes. Aux questions : « Que pensez-vous des soldats accusés de viol sur les femmes tutsi ? » ou encore « Pouvez-vous me parler de l’opération Turquoise », les regards fuient et « Je ne suis pas habilité à répondre à cette question » devient vite la réplique favorite des interviewés. Le commandant Marcailloux qui chapote les troupes est survolté : « Fillon, vous faites non réponse sur non réponse. A votre avis, elle passe pour quoi l’armée là ? ». De l’autre côté de l’objectif, les reporters sont partagés entre satisfaction d’avoir déstabilisé les apprentis soldats et culpabilité : « Je vais aller voir l’officier pour m’excuser. Le pauvre ! Il est noté sur cet exercice ». Mais les militaires n’en tiendront aucunement rigueur. Mieux, l’exercice devient un prétexte pour flirter dans les rangs : « Je te donne mon numéro et on s’appelle. Ok ? », lance un officier à une journaliste.
17h30, les caméras sont enfin pliées. Photo souvenir et dernier rassemblement militaro journalistique à l’amphithéâtre viennent clore la rencontre. La journée s’est bien déroulée et « l’exercice mérite d’être réitéré l’an prochain » déclare Jacques Araszkiewiez. Ce n’est pas le Général du COFAT qui dira le contraire. En guise de remerciements, il remet au directeur du département Information communication, une médaille souvenir. De retour à Cannes, les professeurs complimentent les étudiants jusqu’à ce qu’effarés, ils réalisent que les micros ont été oubliés à Draguignan. Dès lors, pour les journalistes, l’expression « En prendre pour son grade » n’aura jamais eu autant de sens.

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