Christian Chesnot : ce qui a changé depuis sa captivité
Après avoir été sur le devant de la scène médiatique, Christian Chesnot est discrètement retourné à sa profession de journaliste. Deux ans après sa prise d’otage en Irak, l’ancien reporter de guerre explique aux plumes en herbe de l’IUT de Cannes, les changements professionnels survenus à l’issue des évènements.
Il est attendu comme une vedette ce vendredi à l’IUT de journalisme.
Christian Chesnot doit y tenir une conférence. L’excitation se fait
sentir dans les rangs : « Je n’ai pas dormi de la nuit, je n’arrêtais pas de chercher des questions à luis poser »
confie, trépidante, une étudiante à ses camarades. Entrée dans la salle
bondée, silence, puis chuchotements. L’homme a changé. On se souvient
de lui amaigri au pied de l’avion qui le ramenait en France. Désormais,
rien ne laisse plus transparaître son calvaire. Tout de noir vêtu,
serein et bien portant quoiqu’un peu grippé, Christian
Chesnot est redevenu un journaliste ordinaire, loin de l’Irak et des
projecteurs français. Pourtant personne n’a oublié le reporter et son
confrère Georges Malbrunot. En 2004, ils avaient été les premiers d’une
triste série de prises d’otages en Irak. Leurs visages apparaissaient
intempestivement dans chaque coin d’écrans de télévision. Sous leurs
photos, le décompte du temps de détention semblait s’éterniser.
Pourtant, le 21 décembre, à l’issue de cent vingt jours de négociations
tumultueuses, les journalistes recouvraient la liberté.
C’est avec un détachement étonnant que Christian Chesnot aborde « cette histoire d’otage » comme il l’appelle. « Ca fait partie des risques du métier, sinon on fait postier ou boulanger », lance t-il à son auditoire. « Je ne suis pas casse-cou » ajoute t-il, « simplement passionné de terrain ».
Le reporter affiche une sérénité qui n’est pas sans rappeler le flegme
de Florence Aubenas à son retour d’Irak. A cette différence près,
Christian Chesnot, lui, laisse poindre quelques blessures. En outre, le
globe-trotter du Moyen-Orient s’est résigné à poser ses valises à Paris
: « Après une expérience pareille, on change. C’est le lot de tous ceux qui ont une catastrophe dans leur vie. » confie t-il. Hormis quelques allers-retours en Syrie, l’ancien reporter se refuse à une
nouvelle mission en Irak. Il est désormais affecté au service étranger
de France Inter et use du système D pour obtenir des infos: « Je gère par téléphone. Ce n’est pas l’idéal mais les affaires d’otages ont été un choc dans la profession. »
« A la fois privilégié et miraculé »
Paradoxe du métier, la douloureuse expérience peut parfois s’avérer fructueuse. A l’issue de sa prise d’otage, le journaliste s’est
vu proposer de nombreux postes au sein de publications. Christian
Chesnot le pigiste, a finalement accepté un CDI dans sa propre
entreprise : « Comme France Inter m’a soutenu, je n’ai pas voulu signer ailleurs. Ca aurait été mal venu. ». En ce sens, le journaliste se dit « à la fois privilégié et miraculé ». Miraculé sans conteste ; privilégié
grâce au tapage médiatique qui a accru sa popularité dans la
profession. Auparavant, le reporter n’avait jamais eu tant
d’opportunités : « Même nos ravisseurs nous disaient que nous étions célèbres en France, ça paraissait surréaliste ».
Mais
la prérogative évoquée par Christian Chesnot est peut être d’une toute
autre nature. Les rumeurs sur le versement d’une rançon pour sa
libération sont encore dans toutes les bouches : « Il y a probablement eu un échange, mais l’otage en est le dernier informé » évoque t-il. Nous n’en saurons pas plus et peut être n’en connaît il pas, lui-même, d’avantage sur la question.
Sur cette ambiguïté s’achève la conférence. Juste le temps pour les rédacteurs en herbe de remercier l’intervenant. « Je suis déçue, j’espérais, je ne sais pas… plus de révélations. » déplore
une étudiante. Elle attendait sans doute un Christian Chesnot plus
incisif car affecté par l’épreuve de la détention. Pour sur il l’était,
même deux ans après. Mais c’était sans compter son humilité.